Déclaration liminaire de la CAPL des Certifiés Liste d'Aptitude
Déclaration liminaire de la CAPL des Certifiés
Liste d'Aptitude
12 Mars 2019
La CAPL qui se tient aujourd'hui porte sur la liste d'aptitude à l'accès du corps des certifiés. Nous souhaitons attirer votre attention sur un point particulier :
– sur les 8 dossiers présentés, 5 demandes sont faites par des professeurs des écoles pour l'enseignement du Tahitien exclusivement, enseignement du Tahitien qui comporte par ailleurs une bivalence en Lettres et Langue Vivante Régionale.
Au regard de la majorité des dossiers pour l'enseignement du Tahitien, nous sommes amenés à nous interroger sur le statut de l'enseignement du Tahitien en Polynésie française. Pour le recrutement 2019, nous avançons des chiffres affichés sur le site du Ministère de l'Education nationale et de la Jeunesse, 6 845 postes sont offerts aux concours du Capes de l'enseignement public et 2 036 aux concours de l'enseignement privé, cependant pour les langues viantes régionales :
Langues régionales : basque 2
Langues régionales : breton 2
Langues régionales : catalan 2
Langues régionales : créole 5
Langues régionales : occitan-langue d'Oc 4
Force est de constater qu'aucun poste n'est proposé pour l'enseignement du Tahitien en 2019.
En 2018, les données chiffrées des concours de l'enseignement public indiquent 65 candidats inscrits, et 33 présents pour 1 seul poste de CAPES option Tahitien.
Sections et options Tahitien
Postes1 | Inscrits65 | Présents33 | Admissibles3 | Admis1 | Admis/présents3,03% |
Alors que le développement et le rayonnement des langues vivantes régionales restent d'actualité et font partie intégrante des programmes des enseignements de collège et lycée, nous nous interpellons les autorités sur la faiblesse de ce recrutement en Polynésie française, au taux de 3,03 %, pour une collectivité qui n'a de cesse de promouvoir ses enseignements linguistiques, et plus particulièrement dans ce contexte de réforme de lycée où les Langues et Cultures régionales sont intégrées à part entière dans les enseignements de spécialités et optionnels.
Cette absence de recrutement met en évidence l'insuffisance de professeurs de langue vivante régionale dans le second degré dans notre collectivité. Pour pallier ce manque, il est fait recours à des contractuels qui œuvrent pour la réussite des élèves et dont nous ne remettons en cause le sérieux ni l'investissement dans l'exercice de leur mission. Mais ce recours systématique aux contractuels fragilise la discipline au sein des établissements, sans pérennité pédagogique au sein des équipes, et place encore ces personnels contractuels en situation de précarité, tant sur le plan de leur formation professionnelle, que sur leur possibilité d'évolution et de préparer le concours sereinement, au vu d'un
recrutement des plus élitistes. Ce qui crée aussi humainement un sentiment d'impuissance voire de découragement parmi les candidats potentiels sur lesquels on pourrait néanmoins en toute confiance s'appuyer, au regard de leur investissement et de leur dévouement pour la promotion du Tahitien. D'autre part, ce manque de déploiement de ressources humaines conduit à recourir massivement aux heures supplémentaires dans cet enseignement, ce qui ne facilite pas la tâche des professeurs titulaires.
33 candidats étaient présents en 2018, ce qui représente un vivier potentiel d'enseignants, de combler ces insuffisances.
Nous nous interrogeons donc sur les modalités de ce recrutement, au regard de ces référentiels d'enseignement en langues régionales. Nous souhaitons que de nouvelles modalités de recrutement soient favorisées : une liste complémentaire aurait pu être proposée pour les sessions antérieures, mais aussi pourrait pour l'avenir constituer une voie d’accès supplémentaire autre que par liste d'aptitude ou par voie de détachement.
Pour prolonger cette analyse,nous souhaitons aussi connaître les capacités d'accueil des professeurs de langue vivante régionale. En effet une vigilance est de mise sur les affectations des professeurs de Langues régionales : être promu certifié sur liste d'aptitude requiert également l'acceptation du principe de mobilité. Les affectations sur lycée seraient à privilégier, dans le cadre de la réforme du lycée, pour renforcer les enseignements de langue vivante régionale et permettre aux lycéens d'acquérir un niveau de compétences B2 voire C1. Par ailleurs, en collège, ces professeurs ne seraient pas uniquement affectés dans le dispositif primaire- secondaire du nouveau cycle 3.
Nous voulons ainsi privilégier la stabilité des équipes qui permettra de réellement mettre en œuvre la politique linguistique dans nos EPLE du second degré, afin d'offrir aux collégiens et lycéens une discipline d'excellence, aux épreuves finales du DNB et du Bacalauréat.
Ce débat n'est pas nouveau, et la FNEC FP FO ne souhaite pas engager de polémique dans ce domaine. Mais nous voulons mettre en évidence l'insuffisance de ressources humaines pour cet enseignement ainsi que la nécessité d'une réelle réflexion sur le nombre de postes à pourvoir par concours quel que soit le type de recrutement (externe, interne, RAEP et autres) dans le second degré.
Une augmentation sensible des volumes horaires d'enseignement en langue régionale et une véritable politique de recrutement des professeurs de langue régionale dans le secondaire devraient être à la mesure des ambitions linguistiques de la collectivité.
Plus globalement, concernant les critères de propositions à la liste d'aptitude des certifiés, nous souhaitons également des critères transparents et équitables à définir au préalable.
D'autre part, si les évaluations et appréciations de l'inspection sont des éléments prépondérants lors de l'examen des dossiers nous tenons cependant à souligner que les évaluateurs sont également membres de l'administration en commissions. Nous demandons que les évaluateurs qui seraient membres de la CAPL n'interviennent pas au sujet de leurs propres évaluations. On ne peut être juge et partie.
Pour finir, les réformes actuelles qui impactent notre métier d'enseignant, dans un contexte social de tensions marqué par des gilets jaunes entre autres, et l'expression des stylos rouges, par les conclusions à venir du grand débat national, l'avènement d' une nouvelle loi de la Fonction publique, et l'hyper sélectivité à laquelle la jeunesse est confrontée, nous amènent à conclure que le principe de démocratie devrait être plus vivant que jamais et le socle de tout débat, dans tout type de consultations face au glissement des pouvoirs institutionnels vers un management unilatéral et libéral qui ne peut être de mise dans un ministère en charge de l'avenir de futurs citoyens, où l'humain est essentiel.
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