Votez SNETAA-FO et FNEC-FP FO



J'ai connu...


Le beau, le grand, que dis-je le géant Jean-Marc vient de vous adresser un document pour créer votre espace électeur afin de pouvoir voter (Snetaa-Fo et Fnec-FP-Fo évidement!!) aux prochaines élections professionnelles.
Certains pourtant s'interrogent sur l'utilité de ces votes ou sur les différences qui existeraient entre nous et d'autres.
Le vieux syndicaliste que je deviens va essayer d'éclairer vos réflexions à partir de son vécu au sein de l'éducation nationale qui avoisine le quart de siècle.
J'ai connu la naissance des IUFM...J'ai été allocataire puis stagiaire lors de la naissance de ce qui remplaçait les ENNA dont la formation était de deux ans. Déjà, passer de deux ans de formation à un an  m'avait semblé surprenant mais il était question d'avoir "plus de pratique" pour mieux "appréhender le métier". Bref, plus de concret et moins de théorie. Pourquoi pas m'étais-je dit. Comment cela fonctionnait-il ? Affecté à l'IUFM de Saint-Denis (93) j'ai activement participé à la mise en place de la formation en tant que représentant des stagiaires : ce fut mon premier mandat syndical. Les stagiaires débutants comme moi, devaient assurer 6 heures de cours par semaine en moyenne sur l'année. Mais en début d'année, nous devions suivre une période de formation théorique puis partir dans les classes de notre conseiller pédagogique. D'abord nous observions comment il s'y prenait puis nous devions prendre en charge des classes pendant six heures et enfin "monter en puissance"  sur l'année afin d'assurer douze heures en fin d'année. A aucun moment nous n'avions de classe propre, et si notre conseiller pédagogique finissait par nous laisser seul, au début au moins il était présent ce qui nous débarrassait des problèmes de gestion de la discipline.

Peu à peu cette formation a été rognée au nom de je ne sais quoi de pédagogique mais surtout au nom des économies budgétaires et toujours avec le soutien des pseudo-syndicats "réformateurs" dont les militants sont trop souvent membres de partis politiques. Le Snetaa et sa fédération réclament une vraie formation pour les collègues, une formation initiale décente qui ne se résume pas à envoyer les collègues sur le terrain et à assurer une formation au rabais. Oui à la formation continue mais surtout oui à une formation initiale de qualité qui donne une bonne image de notre métier  à nos jeunes collègues motivés mais souvent désemparés.

J'ai connu des équipes de direction et des inspecteurs qui soutenaient les enseignants. Certes, mes premières années étaient en Seine-Saint-Denis et les choses étaient parfois plus que délicates. Mais j'ai connu une écoute en Pays-de-la Loire quand je suis arrivé. Pas longtemps... Depuis de trop nombreuses années, les Proviseurs se sont éloignés des enseignants. Ils sont maintenant des "personnels d'encadrement" et certains se comportent comme des chefs d'entreprise sans en avoir ni les pouvoirs (qu'ils réclament!!) ni la déontologie. Cette approche déplorable est celle du syndicat majoritaire des personnels de direction, le SNPDEN-Unsa, dont des représentants siègent au CTA au titre des personnels d'éducation comme nous. Ils votent systématiquement en faveur de la déréglementation et des suppression de postes, revendiquent toujours plus de pouvoirs y compris celui du recrutement, et insistent pour qu'on leur fasse confiance. Vu le nombre de collègues en conflit avec leur proviseur, je refuse cette option et je soutiens les positions de notre syndicat de proviseurs, ID-Fo qui prône un retour aux liens plus forts entre personnels de direction et enseignants. C'est pour faire entendre cette voie divergente que nos amis proviseurs sont en troisième position sur notre liste au CTA. Quant aux Inspecteurs là encore majoritairement syndiqués à l'Unsa, ils capitulent devant les proviseurs et, à ce rythme disparaîtront du paysage, l'essentiel de leur rôle sera transférer aux proviseurs. La Fnec-Fp-Fo vient de créer un syndicat d'inspecteur, à eux de choisir qui est le plus apte à les défendre.

J'ai connu des structures diversifiées proposant des solutions particulières aux publics particuliers. J'ai connu les 4ème et 3ème technologiques, un enseignement adapté qui préparaient aux métiers, des structures adaptées pour les jeunes handicapés.  La majorité de ces structures a disparu au nom d'un seul et unique principe, l'inclusion. Il est convenu par nos grands psychopédagogues (qui ne sont jamais venus enseigner  en LP !!) que mettre tous les élèves dans une seule et même classe est une bonne chose. L'inclusion permet aux jeunes démotivés de retrouver de la motivation, aux jeunes lourdement handicapés de progresser, aux décrocheurs de raccrocher. Et ce grâce à l'aide individualisée, baguette magique qui résout tous les problèmes. Alors que la France décroche dans tous les classements internationaux, je me souviens des propos du recteur Chaix lors des débats sur  la refondation de l'école : "Si les choses ne vont pas bien, c'est que nous n'avons pas été assez loin...". La mort des SEGPA est voulue, la disparition des 3ème découverte professionnelle programmée, tous les jeunes en collège... Les syndicats Force Ouvrière sont les seuls à condamner sans ambigüité cette évolution à laquelle d'ailleurs personne ne croit vraiment. En effet, chacun sait que les structures spécifiques coûtent et qu'il faut économiser, mais les enjeux ne sont pas uniquement financiers.  Face à la baisse inéluctable du niveau scolaire, il est demandé d'évaluer non plus des connaissances mais des compétences : on ne vise plus l'excellence mais un socle commun ou plutôt minimum. Le plus grave des dangers est de voir disparaître les diplômes au profit d'un nouveau livret ouvrier que serait le livret de compétences. Le Medef réclame cette évolution puisqu'elle ferait disparaître une partie du code du travail et simplifierait les grilles salariales : tous à un salaire minimum le plus bas possible.

Monsieur le Ministre de l'économie vient de déclarer qu'il préférait des emplois précaires à des chômeurs... Comme beaucoup d'enseignants j'ai un peu plus d'ambitions pour la jeunesse de notre pays.

J'ai connu des classes à 24 en bac pro et à 12 en CAP... Ce n'est pas si ancien...Et déjà ces chiffres font rêver.  Après le "surbooking" nous connaissons les premiers signes de "sur-affectation". Alors que notre Région connait une forte poussée démographique et un écroulement des contrats d'apprentissage (les patrons ne veulent plus faire face à la législation de plus en plus contraignante, il ne s'agit pas simplement d'une histoire d'argent...), nos classes vont passer à 35 en sections industrielles, 40 en  tertiaire et à 17 en CAP. Le Snetaa-Fo se bat pour des ouvertures en formation initiale publique au sein de l'éducation nationale. Le choix du sgen-cfdt de soutenir "tout type de public'" dans des cités polytechniques au sein d'un 'service public de formation professionnelle décentralisé et confié aux régions" est déjà un échec.

J'ai donc connu de considérables dégradations de l'école et ma "carrière" n'est pas finie : la FSU soutient le nouveau statut des enseignants qui entrera en vigueur à la rentrée prochaine, statut qui prévoit 1607 heures de services (cadre de la fonction publique). Il imposera la réunionite aigue pour des "travaux en équipe, réunions avec les parents, conseils de mi-trimestre...". A tous les collègues parents, vous n'êtes pas rentrés le soir puisque les réunions auront lieu en dehors des heures de service ! Les syndicats Fo luttent depuis le début contre ce statut qui primera sur le notre qui ne date que de 2000. Ce statut spécifique est considéré par tous comme protecteur et, faut-il le rappeler, il est l'œuvre du Snetaa, je m'en souviens, je me suis battu pour l'avoir... C'était il n'y a qu'une quinzaine d'années : avant les PLP d'enseignement professionnelle étaient, selon les disciplines, à 21 ou 23 heures.

Voter et faire voter  Snetaa-Fo et Fnec-Fp-Fo est donc un enjeu majeur pour les années à venir. Nous ne pouvons accepter de voir l'école de la république sombrer encore et encore. Il nous faut réagir et nous battre. Tous ceux qui me connaissent savent que le combat ne me fait pas peur mais il ne pourra être mené efficacement que si la confiance des collègues nous est accordée de façon toujours plus prononcée.

Créez votre espace électeur, faites créer cet espace à vos collègues sympathisant s et préparons nous à voter.

Pour le Snetaa-Fo

Olivier Rosier

Olivier ROSIER - Secrétaire Académique - SNETAA-FO-NANTES

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