Rentrée 2014 : les enseignants font leurs comptes



C’est la rentrée, chacun fait ses comptes et constate le recul spectaculaire de son pouvoir d’achat. Chacun se demande à quelle dépense il va devoir renoncer et parfois comment il va boucler les mois à venir. Rien d’exagéré dans ce constat. Mais comment expliquer que les enseignants recrutés avec un niveau d’étude de plus en plus élevé soient de plus en plus mal payés ? Il y a des raisons à cela.

Non seulement les salaires sont bloqués depuis 2010 mais le traitement des enseignants est en baisse.
- 0,38% depuis janvier 2014. Le traitement lui-même est en baisse : le prélèvement de la retenue pour pension civile augmente chaque année : 7,85% du traitement brut en 2010 ; 8,12% en 2011 ; 8,39% en 2012 ; 8,76% en 2013 ; 9,14% en 2014.
- 37,5% à cette rentrée. C’est la baisse de l’indemnité versée aux enseignants et CPE, tuteurs d’un stagiaire. Elle passe de 2 000 euros (plafond) à 1 250 euros à compter du 1er septembre 2014.
Depuis 2010, c’est une baisse cumulée de 8% en moyenne de pouvoir d’achat (qui s’ajoute à une baisse d’environ 8% en prix constants entre 2000 et 2010).
Pour reconnecter le traitement avec le coût de la vie, il faudrait augmenter les salaires d’autant.
Dans le même temps, le coût de la vie ne cesse d’augmenter. Les prix à la consommation augmentent de 0,5% sur un an (sources INSEE) - quelques exemple dans le tableau ci-dessous.
Septembre, électricité + 5% ! Selon le dernier rapport de la Commission de régulation de l’énergie, le prix de l’électricité devait connaître une hausse de 5% d’ici l’automne pour aligner les tarifs de l’électricité sur les coûts de production. L’État pourrait même procéder à une facture de rattrapage, évaluée à une trentaine d’euros environ par clients. 9 ménages sur 10 concernés !
A cela s’ajoutent les impôts : le tiers provisionnel en septembre est en augmentation pour de nombreux collègues. Pour les enseignants, le constat est amer et le quotidien devient difficile. Les collègues précaires (contractuels et AED) se retrouvent dans des situations pénibles.

Le poids des réformes

Les rythmes scolaires
Dans certaines communes, en fonction des moyens financiers et des choix opérés par les élus locaux, les offres d’activités sont souvent payantes pour les parents. C’est une dépense supplémentaire. Au moment des activités prévues dans le cadre des rythmes scolaires, l’école n’est plus obligatoire, elle risque de ne plus être laïque, mais il est aussi à craindre qu’elle ne soit plus gratuite.

Le « pacte de responsabilité » préfigure des menaces à l’encontre de la Sécu et des prestations familiales.
• 10 milliards d’euros pris à l’assurance-maladie, qui, bien entendu, seront à financer par les salariés eux-mêmes.
• gel (donc perte de pouvoir d’achat) pour toutes les prestations sociales (retraites, allocations familiales, etc.) hors les minima sociaux.
Dans le même temps, 30 milliards d’euros d’aides supplémentaires sont prévues aux entreprises et 8 milliards de réduction fiscale, soit 38 milliards !
Hasard du calendrier, les entreprises, qui ont commencé à bénéficier du CICE (crédit impôt à la consommation) au deuxième trimestre 2014, ont versé des dividendes record à leurs actionnaires. Le journal La Tribune du 25 août cite l’étude publiée par la société de gestion Henderson Global Investors : la France est le pays « qui a réalisé la meilleure performance et est également le plus important payeur de dividendes en Europe, en hausse de 30,3% par rapport au deuxième trimestre 2013 ». Soit près de 31 milliards d’euros versés par les entreprises françaises à leurs actionnaires…
De là à penser que cet argent viendrait de nos poches…
A cette rentrée, les comptes ne sont pas les mêmes pour les personnels de l’Education nationale. L’austérité ne frappe pas à toutes les portes.
Inquiétudes encore avec le décret Peillon qui prévoit de remplacer les décharges statutaires par des indemnités. Là encore cela ne fera pas le compte.

Austérité pour les crédits de fonctionnement

A Grenoble, lors du Comité Technique Académique du 23 juin 2014, M. le Recteur a présenté les mesures d’ajustement pour cette rentrée et les projets de budgets opérationnels de programme (BOP). Mais il semblerait que pour le gouvernement ces restrictions soient insuffisantes. Aux contraintes budgétaires du pacte de responsabilité de réductions des dépenses publiques et sociales de 50 milliards d’économie s’ajoutent désormais 4 milliards pour l’année 2014. Les mesures prévisionnelles présentées par le Recteur traduisent cette politique d’austérité du gouvernement. Ainsi le BOP 141 (2nd degré public) est en réduction de 21,35%. Résultats, les crédits pédagogiques (manuels scolaires, contrats d’objectifs…) fondent de 29,3% (- 925 401€). Les frais de déplacement (hors formation) baissent de 3%.
FO attire l’attention des personnels sur les conséquences concrètes de ces mesures qui s’appliqueront dès septembre, et sur la volonté ministérielle de modifier les statuts des enseignants et personnels d’Éducation à la rentrée suivante.
Toutes ces mesures sont de nature à dégrader les conditions de travail et rendre chaotique le fonctionnement des établissements qui doivent accueillir plus d’élèves avec moins d’enseignants titulaires.
FO invite les collègues à se rassembler sur les revendications et à préparer le rapport de force pour bloquer cette politique rétrograde qui porte atteinte à l’École de la République et à ses personnels.
*chiffre INSEE des prix à la consommation de juillet 2013 à juillet 2014

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