Courrier de la FNEC-FP-FO, concernant le bilan catastrophiqu des stagiaires 2015-2016, du 3 septembre 2016
MadameNajat Vallaud-Belkacem
Ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de
la Recherche
Montreuil, le
3 septembre 2016
Objet : situation des stagiaires
Madame la Ministre,
Depuis plus d’un an, suite à notre audience de
juillet 2015, nous nous sommes adressés à
vous sur la
question des stagiaires,
leurs
conditions de travail
et
de formation.
Nous n’avons eu aucune réponse. Nous vous avons demandé en juin 2016 audience sur
cette question, vous ne
nous avez pas reçus.
Madame la Ministre, il y a les déclarations
politiques, mais il y a aussi la vraie vie. C’est
pourquoi ce qui s’est produit pour les stagiaires 2015, se reproduit en 2016, faute
d’engagement de votre part.
Pensez-vous qu’il soit normal qu’en 2015 et maintenant en 2016, respectivement 15% et
plus
de 10% des stagiaires soient mis en licenciement ou redoublement ?
Dans la fiche 02 de votre conférence de presse 2016 qui concerne des enseignants « mieux
formés », vous affirmez que tout va bien. Dans la fiche 01, vous dites que des milliers
d’enseignants
sont
recrutés alors que la Cour des Comptes pointe la
sous-exécution des
emplois budgétaires et que vos services soulignent dans une note de mai 2016
que
les enseignants
du second degré sont les
plus frappés par le manque de recrutement.
Cette situation n’est pas surprenante : les étudiants -qu’ils soient en MEEF ou Master- qui
préparent le concours connaissent maintenant la façon dont ils seront traités et considérés s’ils
ont
le concours : surcharge
de travail,
souffrance,
humiliation, incompréhension face aux
demandes pléthoriques,
incohérentes, locales de
l’institution.
Rien n’a été
fait
pour tenter de régler cette situation.
Tout au contraire, vous avez amplifié la situation avec la mise en place des trois regards pour la titularisation des stagiaires. Résultat,
les
stagiaires sont traités comme des étudiants et
non comme
les fonctionnaires stagiaires qu’ils sont.
La formation
est devenue un couperet, une période
d’essai, une
machine à licencier, alors que les étudiants et personnels ont obtenu un concours
difficile.
La FNEC FP-FO est intervenue lors du CTM du 12 juillet sur cette question. Elle a été reçue par la DGRH, ce qui a permis de faire le point. Mais le problème est majeur et relève de votre responsabilité.
La lecture des rapports fait apparaître des propos qui n’ont rien à voir avec ce qu’est un
professeur qui enseigne dans sa classe avec toutes les difficultés afférentes.
Des stagiaires sont licenciés parce qu’ils ne sont pas encore des enseignants chevronnés
et que des critères subjectifs sont pris en compte.
Au risque d’alourdir
ce
courrier,
je me permets de vous
faire quelques
citations des reproches faits aux stagiaires pour «
justifier » leur licenciement car loin de donner des
conseils, certains
écrits
dans les grilles
d’évaluation portent sur
des
éléments totalement
subjectifs, par
exemple,
« tenue
vestimentaire correcte »,
« aux
dires
des élèves
»,
« manque de convivialité
», « pendant les journées de formation à la réforme, n’a pas
déjeuné au restaurant scolaire », « non assiduité à la cantine
»,
« fait cours au tableau », « manque d’empathie », « trop discret, effacé », « devra adopter une posture de cadre »,
« devra progresser
pour
laisser
les élèves
acteurs de leur apprentissage » « devrait manifester de la vitalité, de l’énergie »,, «
n’est pas présent en dehors de ses heures de
cours », « n’a pas manifesté son intérêt pour la réforme du collège »…..
Tout cela ne peut encourager les étudiants à devenir professeur. C’est à
qui donnera un avis négatif dans ce triple
regard. Car comment comprendre que des maîtres auxiliaires garantis
d’emploi, des CDI ayant passé
le concours externe, interne ou réservé soient licenciés alors qu’ils
sont employés depuis plus de 20 ans
? Nous pouvons citer encore des cas de professeurs certifiés, et enseignant, lauréats de l’agrégation qui se retrouvent licenciés à l’issue du stage !
La situation est la même dans le premier degré. Un seul exemple, pour un département qui
peine à consolider son nombre d’enseignants, l’Yonne : 8 licenciés en juillet mais à qui il est proposé d’être … contractuels ! Les PE ne sont pas « bons » comme titulaires, mais «
bons » comme contractuels ?
Tout ceci
est contradictoire avec
votre discours
de
rentrée 2016
où vous
affirmez :
« Enseigner est un métier complexe, difficile, exaltant, certes, mais d’une immense
exigence. C’est pour cela qu’il est essentiel d’accompagner les professeurs, de les former, de les
soutenir. »
Le soutien se manifesterait par le licenciement
? La complexité du métier devrait être acquise dès
la 1ère
année ?
Madame la ministre, vous avez déjà fait partir des lettres de licenciement, sans même que les
élus paritaires
n’aient été saisis.
Nous vous demandons solennellement de revenir sur ces décisions.
Nous vous demandons
que consignes
soient
données au recteurs
pour que toutes les situations soient réexaminées
afin
de ne procéder à aucun licenciement.
Nous vous demandons de
nous recevoir dans les plus brefs délais.
Bien entendu, la FNEC FP-FO agira par tous les moyens : cette
situation ne peut plus durer.
Veuillez
recevoir, Madame
la Ministre, l’expression de ma haute considération.
Hubert Raguin, secrétaire général
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