Déclaration de Force ouvrière CAPN d’accès au corps des agrégés par liste d’aptitude18, 19 et 20 mai 2016
Pour le SNFOLC, il sera difficile d’ouvrir cette
CAPN sans faire
état de la situation sociale actuelle. Nous rappellerons ensuite
les
positions de Force
Ouvrière sur la liste d’aptitude et nous finirons notre intervention par un certain nombre de réflexions
sur
le projet qui nous est soumis pour avis.
Depuis deux
mois, les salariés du secteur privé
et du
secteur public, avec les syndicats
FO, CGT, Solidaires,
FSU et
les organisations
estudiantines
et
lycéennes UNEF, UNL, FIDL,
sont
mobilisés pour le retrait du projet de loi
« travail », notamment lors
des
journées
de grève interprofessionnelle le 31 mars et
le
28 avril.
L’opposition à ce texte est
majoritaire dans le
pays, à plus de 70%. Il
n'y a pas de majorité à
l’Assemblée nationale pour voter cette loi.
Ce gouvernement isolé a choisi le coup de force
par
l’utilisation de l’article 49-3, déni de
démocratie et
provocation à l’égard
des
Français.
Ce projet de loi entraîne la suppression de la
« hiérarchie des
normes
», et instaure la primauté
des besoins
et
des
nécessités de
l’entreprise sur la
loi
de la
République que
constitue le code du travail.
Il remet en cause les
conventions collectives nationales, les accords de branche, ce qui
conduirait
à terme aux mêmes conséquences
sur
les statuts des Fonctions
publiques (État, Territoriale et Hospitalière).
Le prélude est déjà
présent dans l’Éducation nationale avec la logique de l’autonomie des établissements via la réforme territoriale,
la réforme du collège, la réforme des rythmes
scolaires, qui amputent les
horaires d’enseignement (EPI, suppressions de
bilangues...),
creusent
les
inégalités géographiques, accroissent les
pressions exercées sur les personnels
et multiplient sans fin des réunions d’information, de
formation,
de concertation,
de programmation, d’harmonisation ..
Toutes ces
mesures sont opposées systématiquement aux
droits statutaires nationaux des personnels et à l’existence
même de leurs statuts particuliers
et
du statut général
de
Fonctionnaire d’État.
Le 10
mai, les organisations syndicales
ont
réagi à la décision du gouvernement
de passer en force : « Les
organisations syndicales
CGT-FO-FSU-Solidaires
et les syndicats
étudiants et
lycéens UNEF UNL-
FIDL invitent
leurs structures à organiser des assemblées générales pour débattre des modalités d’action, de la grève et de
sa reconduction. Elles appellent à
deux nouvelles journées
de
grève et de
manifestation mardi 17 mai et jeudi 19 mai
prochains
». Elles
envisagent une
manifestation nationale.
L'intersyndicale du second degré n'accepte pas le « déni
de démocratie que
constitue le recours
au
49-3 pour imposer
la
loi travail ». L'intersyndicale dénonce le
blocage à tous
les niveaux sur la réforme
du
collège : « la réforme ne doit pas
être
mise en
œuvre ».
Elle appelle
les collègues « à rejoindre les grèves et initiatives prises au
plan interprofessionnel
par
les organisations syndicales, (...) à se réunir en assemblées générales dans les
établissements
pour débattre des
modalités d'action pour obtenir satisfaction. »
Les cheminots, les
routiers, les salariés
des aéroports de Paris, et d’autres
secteurs
professionnels comme la
chimie, les raffineries, l’énergie sont
appelés à
la reconduction de la grève, la FNEC FP-FO
a déposé un nouveau
préavis de grève
à compter du mardi
17
mai.
Face au
mépris du gouvernement, le
moment
est
venu de lui opposer la grève interprofessionnelle reconduite par les assemblées générales jusqu’au retrait
de
la loi El-Khomri.
La situation générale
posée, nous
en venons au
cadre
statutaire des promotions examinées aujourd’hui. La
CAPN est chargée d’examiner le tableau d’avancement
au corps des
agrégés par liste d’aptitude conformément à l’article 5 du
décret n°72-580 du
4 juillet
1972.
Dans cette période de régression sociale et
de paupérisation des fonctionnaires, elle permettra à un petit nombre de professeurs, en l’absence de toute
revalorisation de
la valeur du
point
d’indice
de la
fonction
publique
de juillet 2010
à juillet
2016, de
compenser, pour les promus, une partie des pertes de
pouvoir d’achat
accumulées pendant ces
années.
Comme 2200 collègues
lauréats
des concours
de l’agrégation ont été titularisés en
2015 (contre 2111 en 2014), il
y aura cette année, pour toute la France, 315 nominations
possibles soit 11 de
plus qu’en 2015. Nous
saluons cette légère amélioration en rappelant
néanmoins qu’en 1998 l’administration avait
procédé
à
548 promotions
…
L’accès
au
corps des
agrégés
par
liste d’aptitude représente
pour les
collègues le
couronnement d’un parcours professionnel.
C’est un débouché de carrière pour tous ceux
qui ont déjà atteint l’indice terminal de leur
corps, l’indice 783.
Mais l’agrégation
ne
permet pas
seulement
une
reconnaissance financière, elle est aussi
et surtout
la reconnaissance par l’institution d’un haut niveau disciplinaire, depuis
la création du concours, voici
bientôt 250 ans,
concours auquel Force Ouvrière reste
fortement attachée.
La réussite à des épreuves très sélectives permet de nos jours aux lauréats, conformément à l’article 4 du décret n°72-580 du 4 juillet
1972, d’exercer en lycée, en CPGE et à l’Université pour y développer la capacité au raisonnement des élèves, leur sens critique, leur goût esthétique et
leurs connaissances. L’accès
au
corps par liste
d’aptitude doit
s’inspirer de cette même
exigence.
L’examen des dossiers fait apparaître la
qualité des candidatures. Cependant, en
l’absence d’un
barème de
classement des
demandes reposant sur la notation,
l’ancienneté de carrière, la bi-admissibilité
à l’agrégation, les diplômes et les titres universitaires, il est difficile pour les commissaires paritaires de contrôler qu’il y a
égalité de traitement des demandes lors
des
choix opérés. Ainsi nous demandons
que
le ministère mette en place pour les campagnes
à venir un barème
de ce type, à l’instar de celui instauré
dans
la note de
service n°97-110 du 9 mai 1997(BOEN n°20,
15 mai 1997,
p.1431-1433).
Une
telle mesure permettrait
de faire
comprendre le poids
relatif de chacun des
critères utilisés
par l’Inspection Générale
pour
élaborer son projet.
Force Ouvrière n’est
guère favorable
à la lettre de motivation exigée
des
candidats par l’arrêté du 5 octobre 2000.
Outre que
l’exercice présente un aspect formel et quelque
peu
artificiel, il demande aux
collègues de s’auto évaluer et d’exposer des motivations très
orientées
(« projets
pédagogiques, éducatifs ou
autres »). L’obligation de cette lettre
de
motivation,
sur
le modèle des règles
de
l’embauche dans
le secteur privé
nous
paraît
étrangère aux
règles
de
promotions
de
la fonction publique.
La note de
service n°2015-214 du
17 décembre
2015, comme celles des
années précédentes,
demande aux recteurs de « veiller notamment à faire
figurer parmi (leurs) propositions
des dossiers d’enseignants
susceptibles
de retirer
un bénéfice
durable d’une telle
promotion qui doit leur offrir la perspective
d’une véritable évolution de carrière ». Il s’agit, pour le
ministère, de remettre en
cause le critère de l’ancienneté. En 2015, l’âge moyen des
promus s’élevait à 56 ans.
Le SNFOLC
souhaite que le tableau des promotions puisse tenir compte
de
la diversité
des situations
professionnelles, notamment le
grade des
candidats: certifiés, P.EPS, PLP, leur lieu d’exercice en France ou à l’étranger, le niveau dans lequel
ils
enseignent, collège,
lycée, STS, Université…
Les recteurs n’ont pas tous
cette année
encore formulé d’appréciation littérale
sur
les candidats
proposés.
Pour le SNFOLC, cette différence de traitement ne doit
pas porter préjudice aux intéressés.
Le tableau d’avancement qui
est
soumis à l’avis de la CAPN appelle un certain nombre
de commentaires. Sauf erreur de notre part, il y avait cette année 1374 proposés rectoraux,
729 femmes et 645 hommes : 23 certifiés de classe normale, 6 biadmissibles, 18 PLP hors
classe et 106 PEPS
hors classe. Le projet ne
comporte que 314 noms, faute de proposés en japonais. La modification du décret n°72-
580 du 4 juillet 1972,
devrait pouvoir permettre
de
faire accéder 315 collègues au corps des
agrégés par liste d’aptitude.
En l’état, le projet
présenté par l’administration comporte 188 femmes (59,9%) et
126 hommes
(40,1). Ces chiffres
traduisent un accroissement du
déséquilibre par rapport à l‘an dernier puisque le nombre de promues
femmes était alors de 56,9% et celui des
hommes de 43,3%. Sans atteindre
à une parité absolue, il
serait souhaitable que ces
écarts ne s’accentuent pas davantage.
Sur les
314
noms retenus
par
l’inspection générale,
311 correspondent à des enseignants
ayant atteint la
hors classe
de leur corps. Le SNFOLC approuve le choix de
l’administration de privilégier les collègues
qui
ont atteint
le grade
supérieur de
leur catégorie
professionnelle. Cependant, il demande
que
ce principe soit poussé jusqu’à son terme
et
que les professeurs
qui ont acquis
le plus d’expérience et qui
se trouvent au
dernier indice
de rémunération
de l’échelle indiciaire de leur corps
soient considérés comme prioritaires sur les
enseignants, sans doute très
méritants mais qui ont
encore des
perspectives de progression de
carrière dans leur corps
d’origine.
Même si
le critère d’âge n’a
pas une
valeur absolue, il est certain que la
promotion a un caractère moins
urgent pour
un collègue
né en
1971
ou 1972
(et
nous
en avons compté quatorze dans le projet
actuel) que
pour un
autre
né en
1951 ou 1952.
Le SNFOLC
salue l’initiative du ministère
qui a donné cette année aux commissaires paritaires un accès à distance sécurisé à
ACDI, ce qui permet
aux
élus de
consulter les dossiers
dématérialisés des proposés
académiques sans avoir à se déplacer au
ministère. C’est un progrès réel
en
terme de gain de temps, même si les éléments
comme l’échelon des
intéressés
ne coïncident pas forcément avec
ceux donnés par le tableau sur AIDOP car le
point de
référence n’est pas
le même. Pour l’avenir, il serait utile que le dernier rapport d’inspection de ces enseignants
puisse être accessible par la
même voie, même si celui-ci ne fait
pas
partie du
dossier statutaire de candidature.
Sur le tableau AIDOP, nous
ne sommes pas
certains de bien avoir compris
à quoi correspondaient
les
chiffres
de
la colonne
AB,
à côté de la colonne AA
indiquant
l’échelon actuel des candidats. Aussi nous
serions
désireux
d’être éclaircis
sur
la question.
Pour finir
nous
souhaitons remercier les
personnels
de
la DGRH
B2-3 pour leur disponibilité lorsque nous les avons interrogés sur les différents
points à l’ordre du jour.
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